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Aharon Appelfeld

Dernière mise à jour : 1 juin 2022

Qu’est-ce que ce serait d’écrire sur un livre aimé, pour s’en imprégner encore davantage, ne pas le quitter, ne pas tout oublier.

Je me demande comment APPELFELD a pu tisser massacre des Juifs en Ukraine pendant la seconde guerre mondiale, violences subies par les femmes au quotidien, et révélation réparatrice.


"Jésus était Juif."


Cette simple phrase, clamée partout par Iréna, suffirait à apaiser les esprits, à comprendre, à se garder d'une éternelle tuerie.


Comme toujours dans les romans d'APPELFELD, la pire barbarie côtoie la plus grande douceur, l'espoir même. C'est à n'y rien comprendre.


Qu’est-ce qu'APPELFELD nous raconte sinon un monde masculin tout dédié à exercer son pouvoir par la violence, que ce soit en tuant les Juifs dans leur village ou en frappant et violant leur propre femme, le soir en rentrant chez eux ?

Ces hommes-là attendent la soupe, et il faut qu’elle soit bonne, et de toute façon ça ne suffira pas. Il y aura toujours une raison valable à leurs yeux pour taper une femme, celle qui vit avec eux, leur fait des enfants et à manger dans un même élan.


Seuls les Juifs ne semblent pas suivre ces odieuses règles. A tel point que les prostituées regrettent leurs anciens clients juifs, assassinés, qui se montraient respectueux envers elle et leur corps. Mais il n’y en a plus, Partout ils ont été disparus.


Dans sa propre vie, Iréna n’a connu que la souffrance. Après avoir été battue par ses parents durant son enfance, elle l'est par son mari durant sa vie de femme. Ils ne peuvent pas avoir d'enfant, ce qui lui incombe forcément à elle.


Son père comme son mari haïssent leurs voisins juifs. Elle suit le mouvement, sans réfléchir. Pourtant, elle a travaillé dans le magasin des Katz, et elle admire l'ainée des filles, Adela, qui étudie nuit et jour pour devenir infirmière. Elle ne soignera jamais personne.


Le flicaillon du village assassine tous les membres de la famille sur ordre des Allemands après les avoir tenus en joue pendant des jours et des nuits, poussant le vice jusqu'à leur faire creuser leur propre tombe.


Pour Iréna c'est trop, et il ne reste bientôt que dieu sur les chemins. Devant cette réalité, Irena ne peut plus se faire croire à elle-même qu’elle haïssait ces gens avant qu’il ne soit assassinés. Mais comment tout changer sans se renier – sans vouloir mourir ?

Il n’y a que des révélations pour donner un sens à sa vie, et peut-être même à tout ce qu’elle a vécu jusque-là.


Alors, elle cherche à répandre la bonne parole, celle du Christ faisant shabbat et priant à la synagogue. Elle cherche à consoler des faits terribles qui se sont produits dans les villages et des drames intimes vécus par les femmes. D’ailleurs, seules ces dernières l’entendent tandis que les hommes lui jettent des pierres en lui intimant de se taire

Ils la traitent sans originalité de sorcière alors que les femmes l'écoutent, lui offrent des verres d’alcool et des bortsch dans les tavernes.


Est-ce encore l'écho de ces femmes que l’on entend aujourd’hui venu d'Ukraine ?


Après des jours d'errance, de mauvaises rencontres et de sommeil agité, elle rencontra la femme qui cachait un enfant juif. Iréna l'embrassa en disant : "Je pense tout le temps à toi."

- J'ai traversé trois épreuves, trois perquisitions avec des chiens. Dieu nous a protégés, l'enfant et moi. J'ai voulu le confier à ma cousine qui vit dans un endroit isolé. Mais elle a refusé. Je n'ai eu d'autre choix que de fortifier la cave. J'ai renforcé les murs avec des sacs remplis de pierres pour certains, et de terre pour d'autres. J'ai placé Émile au centre, loin de l'entrée. C'est un enfant calme et obéissant. Sans les quelques rais de lumière qui s'infiltrent malgré tout dans la cave, je ne pourrais pas voir sa beauté. Parfois, il m'apparaît comme un enfant tombé du ciel.


Aharon APPELFELD

La stupeur

Traduit de l'hébreu,

toujours aussi excellemment

par Valérie ZENATTI

Éditions de l'Olivier

2022

(sinon, vous pouvez TOUT lire d'APPELFELD

et vous pouvez aussi TOUT lire de ZENATTI !)



Au mois de mai, dans le métro, des gens ont lu :

Chopé un livre sur 5 ce matin… c'est

Guy de MAUPASSANT Pierre et Jean


Le pré-ado qui attend sagement derrière les portes battantes que quelqu’un le fasse passer


Aharon APPELFELD La stupeur

Nicci FRENCH Charlie n’est pas rentrée

Philippe LABRO Les gens

Stéphane GARNIER Agir et penser comme un chat

Mary HIGGINS CLARK Le piège de la belle au bois dormant

Brit BENNETT


Un homme lit en hébreu une prière sur son téléphone (psouké dézimra) pendant que je lis la page 93 d’Appelfeld


Philip KERR Hitler’s peace

Karen SLAUGHTER Sans foi ni loi

Au secours, encore Elon MUSK

Un manga

Claire MARIN Être à sa place

P. Djèlí CLARK Ring shout

Marjan KAMALI La librairie de Téhéran


Une femme étudie avec attention des photos de dents en gros plan sur un livre


Patrick SÜSKIND Le parfum

Katherine PANCOL

Siri HUSTVEDT Une femme regarde les hommes regarder les femmes

Giambattista BASILE Le conte des contes

Joyce MAYNARD Où vivaient les gens heureux

Claire LOMBARDO Tout le bonheur du monde

Gunter WALLRAFF Tête de Turc

Emanuele COCCIA Philosophie de la maison


Une vraie librairie sur la ligne 5 !

Valérie PERRIN Trois

Romain GARY Les racines du ciel

Marie VARELIE Ma vie, mon ex et autres calamités

Roland PORTICHE Ernetti et l’énigme de Jérusalem

Ludmila OULITSKAÏA

Charlotte BRONTË Jane Eyre

Valérie TONG CUONG Un tesson d’éternité

Riad SATTOUF Les cahiers d'Esther

Je croise une seconde fois Tête de Turc du même lecteur

Émile ZOLA Germinal

Connie WILLIS Le grand livre

Thierry DUSSARD Fantaisie vagabonde en Bretagne avec Flaubert

Maurice GENEVOIX Ceux de 14


Pour une fois, j'ose déranger une lectrice (celle de Jane Eyre) pour lui donner un flyer du blog. Je lui explique en 2 mots de quoi il s'agit avant de descendre. Elle me remercie si sincèrement que je me dis que je devrais oser plus souvent (peut-être).

Il m'en arrive des aventures


Tom EPPERSON L.A. noir

James C. SCOTT Homo domesticus

Evelyn SCHNEIDER-MARK La glande pinéale

Pierre LEMAÎTRE Miroir de nos peines

Arnaldur INDRIDASON Les fantômes de Reykjavik

Pier Paolo PASOLINI (un petit livre tout rouge que je ne retrouve pas... peut-être une édition étrangère)

Flowering plants

Amin MAALOUF Les croisades vues par les Arabes

Nicolas MATHIEU Leurs enfants après eux (à l'aller)

Nicolas MATHIEU Leurs enfants après eux (au retour, mais ce n'est pas la même lectrice)

Todd LUBART Les secrets des génies

Pierre LEMAÎTRE


Et les gagnants du mois sont :

Pierre LEMAÎTRE

et

Nicolas MATHIEU


Des nouvelles du blog :

Si, comme moi, vous n'êtes pas toujours à l'aise avec le maniement des blogs, je vous propose une petite cession de rattrapage. Pour accéder aux post dans la catégorie "littérature", il suffit de cliquer sur les liens ci-dessous.

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