De bon matin, un menaçant aboie une bonne dizaine de fois à une femme « Heureusement que je suis poli, sinon je t’aurais cassé la tête », ou sa variante « T’as d’la chance que je sois poli et que je te casse pas la tête. » En effet, heureusement qu’il est poli.
La cordiale mésentente porte sur une place assise.
A ces mots doux, la dame rétorque des choses comme « Je sais me défendre Monsieur » ou « Ca suffit maintenant, je ne me laisserai pas faire ». Sûrement a-t-elle raison. Au fond, elle a raison ! Il est tellement dur et humiliant de la fermer quand on est une femme face à un professionnel de la politesse. Pourtant, je ne peux m’empêcher de vouloir qu’elle se taise. Je n'ai qu'une crainte, que ça dégénère. Est-ce que j'ai peur pour elle ? Pour moi ? Quand la journée commence de cette façon, je n'ai qu'une envie : retourner me coucher et, surtout, ne plus jamais prendre le métro. Et puis j'oublie, et je lis et je croise tout un tas de lecteurs qui me réconfortent sans le savoir.
Le parangon du bien élevé - on devrait penser à délivrer des diplômes de bienséance dans le métro - continue de monter en tension. Sa partenaire de jeu a l’air d’ignorer que la décompensation existe. Ou bien elle en a vraiment trop marre de croiser des mecs agréables - il y a des périodes - et ne peut plus se contenir (ou encore, elle pratique le krav-maga et a une confiance en elle infaillible). J’ai peur qu’elle s’en prenne une pour de bon, poli ou pas. Je suis un peu à distance. Je ne veux pas intervenir. Personne ne veut intervenir. Personne n'intervient. So-li-da-ri-té[1]. Finalement, il s’éloigne chaud bouillant en poursuivant ses politesses. Je me dis que c’est quelqu’un(e) d’autre qui va payer, un peu plus loin, un peu plus tard.
[1] Je pense à cette pièce Je suis Fassbinder de Falk RICHTER mise en scène par Stanislas NORDEY, avec cet acteur génial, Laurent SAUVAGE – comme son nom l’indique –, et Judith HENRY, non moins formidable, qui à un moment dénonce l’immobilisme des jeunes hommes européens (en l’occurrence allemands mais ailleurs ce serait la même) qui n’ont pas bougé le moindre petit doigt quand leurs fiancées se sont faites agresser sexuellement un jour de l’an dans une gare. Ils ont des barbes, font de yoga (c'est elle qui le dit) et regardent faire les agresseurs sans réagir. Elle s’énerve l’actrice ! Et nous, public, rions et sommes désolés tout à la fois.
Que pensaient les hommes à barbe dans la salle à ce moment précis ?
Semaine du 21 au 27 janvier :
Elena FERRANTE
A colossal failure
Stephen HAWKING Petite histoire de l'univers
La tentation d'exister
Umberto ECO Art et beauté dans l'esthétique médiévale
Henning MANKELL Les chaussures italiennes
Sur le quai d'en face, une voix demande au "monsieur avec un sac à dos rouge" de rester derrière la ligne blanche car une rame va entrer en gare. Puis "n'hésitez pas à vous placer sur les côtés pour faciliter la descente des voyageurs", " ne montez pas avec le signal sonore, merci", "vous êtes trop près du quai, reculez derrière la ligne blanche, merci". La voix, la femme de la voix, fait tout pour rester aimable car les gens lèvent le nez pour voir d'où elle sort mais ne s'éloignent pas pour autant du bord du quai. Ont-ils débauché les gens qui étaient sur le quai à cette heure-là de pour aider au bon fonctionnement du trafic?
Tandis que pour nous, une voix aimable également, mais masculine, nous informe que "nous patientons à quai suite à une panne de signalisation." Personne pour souffler, personne pour râler. Pourtant, c'est le matin, et pas de doute, nous serons tous en retard. Serait-ce une vertu de l'amabilité que de décupler la patience ?
Javier CERCAS El impostor
Comment se faire (respecter ?)
Françoise BOURDIN Le choix des autres
Le Mahâbhârata : Conté selon la tradition orale
[...] si tu me demandes, continue Krishna, où prendre appui, je te rappelle que les sens sont supérieurs au corps, que la pensée peut dominer les sens, que la raison régit la pensée et enfin que le Soi est plus haut que la raison. [...] anéantis donc toujours cet ennemi, le désir, si difficile à conquérir.
Serge DEMETRIAN (traducteur)
Albin Michel, 2005
(Une citation de Funrider sur Babelio)
Gilles LEGARDINIER Une fois dans ma vie
Nicolas MATHIEU Leurs enfants après eux
Margaret ATWOOD La servante écarlate
STEVENSON
Anton TCHEKHOV
Shulem DEEN Celui qui va vers elle et ne revient pas
Mon voisin à lunettes noires (je rappelle que nous sommes est en sous-sol en plein hiver) lit un manga sur son téléphone.
Paolo COELHO
Joël DICKER
OLSEN
Michel HOUELLEBECQ Les particules élémentaires
Luca DI FULVIO Le gang des rêves
Sur liseuse, un livre déjà lu à 95% ! Le Signal
Emily BRONTE Les Hauts de Hurlevent
Sarah BAKWELL Comment vivre ? Une vie de Montaigne en question et vingt tentatives de réponses
Des petits jeunes imitent un cri de bébé (ou d'animal) en marchant sur le quai et rigolent comme des bananes. Faut-il vraiment que jeunesse se passe ? Pourquoi ne pourrait-elle pas se poursuivre un peu, allez… ? Que l'on fasse des cris d'animaux en riant sur un quai de métro.
Minette WALTERS Meurtre à Blackness Road
Génération X
Nicolas MATHIEU Leurs enfants après eux lu par une femme enceinte
MONTALBAN
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