Bouchra KHALILI
The Speeches Series, 2012-2013
Mother Tongue
Des hommes et des femmes disent face caméra des textes qu'ils ont choisis et traduits, des textes de Mahmoud Darwich, Malcolm X, Edouard Glissant, Abdelkrim Al Khatabi et Aimé Césaire, des textes que l'on connaît, ou pas, des textes qui évoquent tous la condition de l'opprimé, des textes littéraires et politiques.
Ils parlent dans leur Mother Tongue (langue maternelle) et nous pouvons lire les sous-titres en français ou en angalis. Not so bad. Very good même! Les langues dépréciées, parfois qualifiées de créoles, dialectes et autres pidgin comme pour mieux les dénaturer, semblent ici réhaussées symboliquement par les textes dits. Oui, en swahili, kabyle ou lingala, il est aussi question d'humanité, il est aussi question de littérature, il est encore question de liberté et de droits.
Et la lecture de textes édifiants croisée des sonorités de langues dont nous ignorons tout ou presque (nous, c'est-à-dire malheureusement la plupart des gens qui allons au Jeu de Paume voir des expositions… ) et qui trouve sa matérialisation dans le visage des récitants, oui, cela décentre, met un coup de pied aux représentations collées là, à ces langues, à ces sonorités, qu'on le veuille ou non -non, je ne le veux pas, je ne le veux pas. Par ces images, ces mots, ces voix, donc, quelque chose peut enfin se décoller, prendre une autre dimension imaginaire.
Autrement dit, et si je peux me permettre, je vous conseille d'aller voir les vidéos de Bouchra KHALILI au Jeu de Paume (jusqu'au 23 septembre, métro Concorde, lignes 1, 8, 12, il y a le choix). L'exposition présente de nombreux autres travaux et séries tout aussi nécessaires et inspirés. Il semble que la dame ait Pasolini en ligne de mire. Qui dit mieux?
Ici, le lien vers une vidéo dans laquelle l'auteure présente son travail. Il n'y est pas question de cette série en particulier mais d'autres travaux exposés, dont une vidéo autour de GENET soutenant les Blacks Panthers. Pas mal non plus !
Passez, non pas rapidement, il faut prendre le temps, écouter, regarder, se plonger dans. Sans compter que, comme l'exposition sur Gordon MATTA-CLARK, Anarchitecte, à l'étage du dessous, est tout aussi passionnante (bien que dans un autre genre), il convient vraiment de prévoir un peu de temps (nocturne le mardi jusqu'à 21h).
Et cette semaine, du 2 au 8 juillet, les gens que j'ai croisés dans le métro lisaient :
George ORWELL 1984. Un livre que l'on rencontre très souvent en sous-terrain, ici dans sa nouvelle traduction de Josée Kamoun. Une traduction qui soulève de grands débats : pourquoi remplacer la fameuse "novlangue" par "néoparler", pourquoi passer le texte au présent, etc.? Explications de la traductrice sur ses choix ici :
Martin LINGS Le prophète Muhammad
Exodus. Oui mais lequel…??? Si un lecteur reconnaît son livre, qu'il apporte des précisions.
Marcel PROUST Le temps retrouvé. Là, on peut dire qu'il s'agit d'une bonne semaine!
Nick BOSTROM Super intelligence
Issac ASIMOV Le cycle des robots
Gilles AZZOPARDI Manuel de maîtrise de soi pour déjouer les manipulations et prendre le dessus! Quel étrange titre! Quel étrange concept! Et pourquoi ce point d'exclamation? Ce que je comprends, c'est qu'il ne s'agit pas ici d'apprendre à éviter les manipulateurs mais à en devenir un...
Cathy GLASS L'enfant de l'enfer. N'avait malheureusement pas eu l'occasion de lire l'ouvrage du dessus.
Séverine de LA CROIX Là où on s'aime, il ne fait jamais nuit. No comment, parfois il y a des séries comme ça.
Agatha CHRISTIE
Un certain Code de commerce
Truman CAPOTE Breakfast at Tiffany's. Edition bilingue s'il vous plaît.
Hélène BLAIS Mirages de la carte : L'invention de l'Algérie coloniale. On remonte clairement la pente.
White gold
Nathalie HUG et Jérôme CAMUT
Robert FLEET
Lisa GARDNER
Marcel PROUST A l'ombre des jeunes filles en fleurs. Deux Proust dans la même semaine, c'est inédit, et ça "rattrape" tous les nanards de la liste.
Jake ADELSTEIN Tokyo vice
Anton TCHEKHOV Les 3 sœurs. Alléluia! Il y a même des gens qui lisent du théâtre. Et pourquoi pas de la poésie tant qu'on y est?
Jeanne SIAUD-FACCHIN Trop intelligent pour être heureux. Eh oui, c'est scientifiquement prouvé, il n'y a que les imbéciles pour être heureux. Même les dictons le savent. Quant aux intelligents, ben ils dépriment grave... mais ils sont intelligents.
Zao WOU-KI Autoportrait. Sachant que Zao Wou-ki était peintre et que les artistes souffrent beaucoup, sachant qu'il est né en Chine (sagesse, zen) mais a vécu la majeure partie de sa vie en France (critique, insatisfaction), sachant que Zao Wou-ki a été reconnu de son vivant (narcissisme, valeur économique) mais qu'il devait être intelligent (dépression), que peut-on en conclure? Heureux or not heureux Zao Wou-Ki…?
Michael CONNELLY Mariachi Plaza
Un mini coran
Yokomitsu RIICHI Soleil
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