Il y a des citernes défoncées, des jardinets en pente petit potager en bas, il y a encore des espaces en friche, combien de temps, et quelque chose d'énorme qui ressemble à un hôpital-ville, il y a des jeunes qui disent diagnostic en parlant de leur téléphone, qui n'en peuvent plus de détailler leurs conflits et qui utilisent des mots comme antipathique ou sarcastique (ils ne parlent plus de leur téléphone), il y a une grève et plein de gens sur le quai qui doivent s'arracher les cheveux depuis deux mois même si je la soutiens (la grève). Il y a un homme en trottinette très décidé à se transformer en camion, roule sur la route au même titre qu'eux. Il y a des hommes et des femmes qui consultent leurs mails, leurs fils, leurs actus, font des mots croisés, fléchés ou autres, lisent le gratuit pour prendre de (mauvaises, forcément mauvaises) nouvelles du monde. Il y a peu de lecteurs ; je les ai tous ratés. Il fait trop chaud et ça sent bon l'herbe quand ce monsieur passe. Est-ce que les coquelicots qui poussent entre les rails, coûte que coûte, vaille que vaille, rendent hommage à tous les déportés d'une autre époque, d'un autre siècle, hier matin ? Il y a moi, me rassasiant du dossier Roth dans Libé alors qu'il aurait fallu prendre l'un de ses bouquins dans la bibliothèque. Il y a Philip Roth qui perd tout espoir en vieillissant – en a-t-il jamais eu ? – et déclare, sûr de lui, que les lecteurs disparaissent. Et il donne des chiffres ! Il y a moi et ma liste, moi qui m'accroche. Roth dit que quand un écrivain naît dans une famille, c'en est fini d'elle. Je ne suis pas écrivain, nous sommes saufs. Il y a encore tellement toujours de livres à lire. En ligne de mire, La Tache, Le Sein, Némésis. Ceux que j'ai lus – et aimés, cela va sans dire – sont de la première période. [Finalement, j'ai pris Opération Shylock : Une confession qui était disponible chez mon libraire et commandé Parlons travail. Une citation de JeanLouis BOIS sur Babelio me confirme que j'ai fait le bon choix. A propos de Primo Levi. « Peut-être qu'avec son chef-d’œuvre sur Auschwitz, cette vie de liens communautaires constitue la réponse profondément civilisée et vitale qu'il oppose à ceux qui se sont acharnés à trancher ses attaches à long terme, et à l'expulser, comme ses pareils, de l'histoire. »] Pline le Jeune avait tout plein d'amis poètes, avocats ou hommes d'états, comme lui. Moralité, il passait son temps à lire leurs textes, à leur faire lire les siens. Dans ses échanges épistolaires avec certains d'entre eux, il écrit des trucs comme « Quiconque préfère assister à la lecture d'un bon livre plutôt qu'aider l'ami qui l'a écrit à le rendre meilleur se conduit en sybarite, sinon en inconnu. » [Merci Pline, on apprend un mot. Sybarite : qui recherche les plaisirs raffinés d'une existence passée dans le luxe. Larousse] Car il faisait aussi des lectures publiques, avec un public choisi pour pouvoir, suite aux critiques, apporter des corrections à ses textes. Et même après publication, il reprenait encore ses textes, recherchant sans fin leur amélioration en vue de la postérité (bingo!) . Il était fin stratège le gaillard et certains suggèrent même que cette correspondance est peut-être une construction du bonhomme afin de s'assurer un surplus de compréhension de son travail par les lecteurs du futur (re bingo!). Qui écrit aujourd'hui qui sera encore lu dans 2000 ans ? Roth ?
Philip ROTH Parlons travail. Traduction de l'anglais par Josée Kamoun. Gallimard, 2006 PLINE le jeune L'art d'écrire. Traduction du latin par Nicolas WAQUET. Éditions Payot & Rivages, Paris, 2017
Les livres de la semaine du 21 au 27 mai :
Thomas MANN La mort à Venise En voilà une semaine qui commence fort !
Gilles LEGARDINIER Le premier miracle
Laurence DE LA BAUME Va par où tu ne sais pas... Je le vois de loin. Is it possibeul comme titre ou bien sont-ce mes yeux qui me joueraient des tours ? Moralité, je vais faire un tour sur Babelio qui confirme le titre mais ne sait pas trop de quel côté ça penche pour les critiques. Next
Sergueï PROKOFIEV Pierre et le loup Bon d'accord, c'est pas vraiment un livre mais une partition « d'orchestre ». (Compte double?)
L'intelligence des plantes Pas moins de 3 livres portent ce titre. Et comme je ne me souviens pas de la couverture, pas moyen de retrouver l'auteur(e). Sorry guys
Leonardo PADURA Hérétiques
Elif SHAFAK Soufi, mon amour
Un Harry Potter, un ! (J. K. ROWLING pour ceux qui n'auraient pas suivis) PS : intiales J.K. Pour ne pas faire savoir au lecteur que l'auteur est une femme. Proposition de l'éditeur pour vendre plus. Whouhou. Pari réussi remarque.
Images du labyrinthe
John Kennedy TOOLE La conjuration des imbéciles
Imaniyé Dalila DANIEL Zaïre et Théophile. Pas de pitié pour les nègres
Laurent GAUDE Le soleil des Scorta
Les tensions musculaires
Pierre LEMAITRE Au revoir là-haut
Thomas HARDY
Kate BRIDGES
Christian BOBIN La lumière du monde
Louis CALAFERTE Septentrion
Kate ATKINSON Life after life
Hidenori KUSAKA et Satoshi YAMAMOTO Pokemon quelque chose
Yuval Noah HARARI Sapiens, une histoire de l'humanité
Bernard WEBER La trilogie des fourmis
Ann BRASHARES Quatre filles et une jean pour toujours (???)
Des millions de candycrush
Dominique BONA Berthe Morisot Le secret de la femme en noir
Victor HUGO Le dernier jour d'un condamné
Méthode Assimil russe
Olivier GUEZ La disparition de Josef Mengele
Michel ABITBOL Les Juifs d'Afrique du Nord sous Vichy
Virginie LINHART Shell Game
Maxime CHATTAM Carnages
Grégory BOZONNET, Pascal BERNARD, Alexandre FREU, Jules VIDAL La ville, les radicalités
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