Dans la semaine du 10 au 17 février, des gens ont lu dans le métro :
Derrière le rideau (3 auteurs sur Babelio pour ce même titre...)
Margaret ATTWOOD
Marcel PROUST A l'ombre des jeunes filles en fleurs
A.B. GUTHRIE La captive aux yeux clairs
Jean-Jacques ROUSSEAU
Philippe HAYAT Où bat le cœur du monde
Paul AUSTER Moon Palace
Agnès MARTIN-LUGAND Désolée, je suis attendue
BOULGAKOV
KUNDERA La Plaisanterie
GOODKIND L'épée de vérité
Un mec, debout, dessine des passagers. Je lui demande un dessin...?
Elena FERRANTE Celle qui fuit
Une Torah?
La liberté ou la mort
Mon œil est attiré par une édition en espagnol. Je m'approche. Il s'agit de
Horacia QUIROGA El alambre de púa
Dans l'autre main, le jeune homme tient des livres artisanaux en carton comme il s'en vend à Buenos Aires.
Si je ne me trompe pas, ces éditions à tirage unique ont vu le jour à la suite de la crise de 2001 où les "cartoneros" ont commencé à apparaître un peu partout dans les rues. Comme leur nom l'indique, les cartoneros (ou cartonniers) sont des gens qui, dans la misère totale, se sont mis à ramasser des cartons dans les grandes villes argentines pour pouvoir ensuite les revendre au poids à des usines de recyclage.
A cette époque, tout le monde hallucinait de voir des gens tirer des charrettes à cheval (ou âne) en pleine ville pour faire le plein de cartons. Aujourd'hui, sûr que les cartoneros ont leur propre syndicat et que des offices bien plus pénibles que le leur ont été inventés.
Au moment de leur apparition, 2001 donc, quelqu'un a eu l'idée de leur acheter des cartons pour les transformer en livres. L'idée, avant tout sociale, était bien sûr que la chaîne profite à tous, du cartonero au fabricant pour arriver au lecteur ayant la possibilité de se faire plaisir à bas coût.
Eloísa Cartonera, la maison d'édition coopérative en question, existe toujours. Elle est même parvenue a convaincre des auteurs ou éditeurs importants de lui céder certains de leurs droits.
En voyant le jeune homme avec ses livres en carton à la main, ici, sur le quai du métro parisien, je pense à tout ça et je souris. Ces livres ont dû faire bien des kilomètres pour arriver ici.
Quand le métro arrive, je monte et m'assieds pour me plonger dans ma lecture. Pourtant, j'ai à peine le temps de sortir Le lambeau de mon sac que j'entends un jeune homme présenter ses livres faits en carton peint.
Le principe reste plus ou moins le même dans sa réalisation (sans qu'il y ait de cartoneros dans la boucle). Mais il s'agit ici de jeunes gens regroupés sous le sceau Sin Licencia Editions qui vendent et diffusent ainsi leurs propres poèmes traduits en français, avec le soutien logistique de l'association culturelle La Vache Bleue.
Il est donc plus question de trouver des lecteurs à ces poèmes que de faire un travail social si je comprends bien. Mais ça me va aussi et je trouve dans mes poches les 7 euros pour me procurer un volume intitulé La Nuit des Arbres Errants.
Le premier poème du recueil est écrit par
Flora BLANCO FOLCH
et illustré par
Irina POSTNIKOVA
(Transformation en noir et blanc)
La sève coulait
Blanche
Sur ma peau.
Les trois dernières feuilles
Noires
Tombaient, légères et tristes
D'une de mes hautes branches.
C'était un vent violent,
Froid et soudain.
Lent balancement jusqu'au sol
Et la terre les fera vivre
Les oiseaux reviendront
Sur moi
En moi
Ils feront leur nid
Et avant de poursuivre avec la liste de livres croisés cette semaine dans le métro, un lien vers les ateliers de création de livres de Sin Licencia.
Véronique OLMI Bakhita
Victor HUGO Ruy BLAS
Pierre LEMAÎTRE
John IRVING Last Night in Twisted River
Le social et le politique
Victoire TUAILLON Les couilles sur la table
Arnaud de LA GRANGE Le huitième soir
Anatole LATUILE
Sally ROONEY Conversations entre amis
Alex MARZANO-LESNEVICH L'empreinte
DENIZE Quand on parle du diable
Philippe LANÇON Le lambeau (mon téléphone l'écrit entièrement tout seul à partir de Philippe tellement je le croise souvent dans le métro depuis qu'il est sorti en poche)
Un zéro...
Vladimir NABOKOV
Lisa GARDNER
Peter MAY
Les choses humaines
Pierre LEMAÎTRE
Antoine de SAINT-EXUPÉRY Vol de nuit
GIACONE L'Europe difficile
L'homme incarné
Jean GIONO Que ma joie demeure
CÉLINE
C'est bizarre mais j'ai l'impression que ce n'est pas la première fois qu'une semaine se finit avec en Voyage au bout de la nuit.
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