Cette semaine, ma lecture ne me laisse pas lever la tête, d'où une liste un peu maigrichonne. C'est Négar DJAVADI qui a attiré toute mon attention. Dans son livre, on apprend des tas de choses sur l'Iran et sur les origines - pas du tout islamiques au départ - de la révolution. L'histoire est celle de sa famille, d'oncle numéro 2 à l'homosexualité impossible, à ses parents laïcs, engagés et menacés aux grands- parents en passant par les sœurs, l'ancêtre en son harem, et les autres.
Tout cela nous fait sentir ce qu'est ce pays, ce qu'il a pu être et le déracinement d'une violence inouïe que la politique (ou la religion, on ne sait plus bien tant les deux sont partenaires dans l'oppression du peuple) a infligé aux libres penseurs et à leurs proches. S'agissant de littérature, on se demande comment des représentants de l'Etat qui passent leur temps à dire de la poésie persane peuvent en arriver à un tel niveau de violence généralisée.
En parallèle, il est question de la vie européenne de la narratrice, entre beuveries, concerts, rendez-vous médicaux en vue d'une insémination, amours, non-dits à tous les étages et souvenirs de son enfance qui la rattrapent.
Tout comme Annie ERNAUX, Négar DJAVADI fait référence à L'EVENEMENT mais il est ici d'un autre registre ; nous le découvrirons tout à la fin du livre.
L'auteure a écrit directement en français (un point commun avec BECKETT soit dit en passant) ! Pourtant, son excellent niveau de langue ne suffit pas aux Français.Â
"T'as un accent, d'où tu viens?"
Merde, ça recommence !
"Iran, murmurais-je alors, craintive et fataliste.
- Ah…"
Long silence durant lequel je voyais dans les yeux de mon interlocuteur que son Iran à lui était situé quelque part entre l'Arabie saoudite et le Hezbollah libanais, une contrée imaginaire d'intégristes musulmans dont je devenais soudain la représentante.
Puis, une fois le constat établi, le mécanisme se déclenchait. On relevait mes fautes de conjugaison et mes maladresses grammaticales, que soudain je ne manquais pas de commettre.
Négar DJAVADI
Désorientale
Liana Levi, 2016
A la fin de la semaine, en attendant Beckett toujours, j'ai la surprise de tomber (boum) sur 3 jeunes gaillards qui montent tout enchapeautés dans la rame.
Le premier, le plus jeune, tenant la bourse et s'apercevant qu'une femme fait déjà la manche, s'approche d'elle pour lui proposer un marché à la loyale.
Avec son accent italien (eh oui, moi aussi j'écoute les accents… ), il s'excuse de lui piquer la place, lui offre quelques pièces en échange de quoi elle peut faire une pause pour regarder la scène.
Les deux autres, déjà bien chauds vocalement, ont entamé les hostilités : ils se disputent une jeune fille imaginaire au balcon dans la plus pure forme Commedia dell'arte !
Que d'exclamations, que de gestes ! Ils braillent, ils sautent, ils virevoltent (j'ai du vocabulaire) entre les gens et les barres. Un vrai spectacle là , juste avant d'arriver, même si ce n'est pas Beckett, quel plaisir.
D'autres que moi apprécient puisqu'ils reçoivent de sincères applaudissements, ce qui est plutôt rare en ces lieux sous-terrains. Suite à quoi, l'équipe passe le chapeau. Carton plein.
 Â
Du 4 au 10 février, les jours rallongent mais pas les listes de livres :Â
Robin HOBB L'assassin royal
Elena FERRANTE L'enfant perdue
La Voie des fleurs
Une nana lit en descendant les escaliers. J'ai envie de lui crier "attention !" et je rate le titre de son bouquin
David GIBBINS
Laurent BOUVET L'insécurité culturelle
Anne TYLER Une bobine de fil bleu
Romain GARY La promesse de l'aube
Michel HOUELLEBECQ Sérotonine
KINSELLA
Gaël FAYE Petit pays
Votre cerveau est extraordinaire
Douglas KENNEDY La symphonie du hasard
La tresse
Marc LEVY La dernière des Stanfield
Kenzaburo ÔÉ Gibier d'élevage
Un livre en hébreu, religieux je pense, l'homme paraît réciter en lisant
Heureusement qu'il y a des mômes pour relever la moyenne ce matin (personne ne lit autre chose que son téléphone, au mieux le journal ou des cours)
Le directeur est un hippie (si j'ai bien vu)
Une femme tricote
Le monde diplo, c'est de la lecture
Fred VARGAS
Ayn RAND
Raphaëlle GIORDANO
Histoire du monde pour les nuls
Demain j'arrête
Régine QUEVA La science est un jeu
Maxime CHATTAM
Un livre en... tchèque ? serbe ? Autre ?
Zene koje tree s vuko...
Quelqu'un peut-il confirmer la langue…? Il manque des accents (je n'ai pas eu le temps de les prendre sur le téléphone)
Isaac ASIMOV ça faisait un bail
Je vous rate tous les bouquins aujourd'hui !
...Everest
John GRISHAM Le client
Un jeune homme s'endort complètement sur son voisin qui continue ses mots croisés en se collant à la fenêtre
Mohsin HAMID
Stéphane Des HORTS Les sœurs Livanos
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