Dans la dèche ou pas, à Paris et à Londres, ou encore à Madrid, il y a toujours des passagers du métro pour lire George ORWELL comme le révèlent les deux listes ci-dessous envoyées l'une par Charline (Londres) et l'autre par Paula (Madrid). Relevons que certaines éditions anglaises écrivent 1984 en toutes lettres sur leur couverture, ce que l'on ne retrouve ni dans les éditions en français, ni dans celles en espagnol. Interesting.
Interesting aussi, le texte de Charline ci-dessous inspiré justement de sa lecture d'ORWELL et le lien en toute fin de post vers l'article de Kevin MIMS (disponible en anglais et en espagnol) qui nous apprend le mot japonais "tsundoku" définissant les livres partiellement lus. Et non, il n'y a pas dans nos bibliothèques que des livres lus et des livres non lus, il y a aussi (et parfois un maximum) des "tsundoku". Et à propos de Japon, si d'aucuns veulent nous envoyer une liste du métro d'Osaka, on ne dit pas non. Lisent-ils autant MURAKAMI au Japon qu'à Paris…? Et quid d'ORWELL ?
Mais avant de pouvoir répondre à ces questions existentielles, un peu de lecture avec le texte de Charline.
Pourquoi Orwell figure à trois reprises dans nos listes ? Je ne sais pas, mais c’est une bonne occasion de présenter rapidement son œuvre Dans la dèche à Paris et à Londres, et plus en particulier son commentaire sur les différences entre les Parisiens et les Londoniens. Au début de sa carrière, George Orwell, d’un milieu relativement aristocrate s’est imposé de vivre dans la dèche d’abord à Paris, puis à Londres
Il raconte ses journées à la plonge, comme mendiant, la douleur et la force dévastatrice de la faim sur le corps et l’esprit – mais il fait un commentaire intéressant sur la différence entre la vie à Paris et à Londres. Ayant vécu dans les deux villes, il m’est arrivé à de nombreuses reprises d’insulter tout Paris, ou tout Londres, après **un incident minable et insignifiant ayant eu lieu dans le métro, sur un trottoir, un supermarché, etc.**. Et c’est souvent dans ces moments-là que ressortent les plus grosses généralités sur les Parisiens et les Londoniens. Que ces généralités soient basées sur des faits concrets ou sur des purs mythes n’est pas vraiment la question – ce qui est important est qu’ils survivent à travers les décennies. C’est pourquoi je n’ai pas pu m’empêcher de sourire lorsque j’ai lu ce passage dans l’œuvre d’Orwell :
Après Paris, je me sentais curieusement dépaysé : tout était tellement plus propre, tellement plus calme et tellement plus morne. On se prenait à regretter le fracas des tramways, le grouillement bruyant des petites rues, le pas des troupes en armes sur les places. Les gens étaient mieux habillés, les visages plus calmes et plus avenants – et en même temps plus uniformes, privés de cette expression de malice et de farouche individualisme qu’on découvre chez les Français. Il y avait moins d’ivrognerie, moins de saleté, moins de querelles, et davantage de désœuvrement. (Éditions Ivréa, p.224)
Bien que ce passage ait été écrit il y a presque un siècle, il résonne toujours aujourd’hui dans les commentaires que l’on peut entendre sur les habitants des deux capitales. La stiff upper lip des Anglais - expression sans traduction satisfaisante en français qui fait référence au contrôle des émotions laissant parfois trembler la lèvre supérieure - contre la désinvolture, les excès des français. Les Londoniens qui font la queue pour rentrer dans le bus, et les Parisiens qui je crois n’en verraient jamais l’intérêt. Ce passage de Dans la dèche à Paris et à Londres illustre magnifiquement ces mythes que l’on raconte sur les deux villes.
Un lieu où ces mythes prennent vie est le métro. J’aborderai peut-être le sujet dans un prochain petit article décrivant comment les Londoniens ont créé un espace ordonné dans le métro, un ordre que je n’ai jamais vu au cours de mes trois années à Paris.
Charline from LONDON :
Books on the underground
Jeudi en allant au travail
Moi :
George ORWELL Down and Out in Paris and London
Une fille debout :
Yaa GYASI Homegoing
La femme à côté de moi :
Time Out
Lundi 17 : un livre en hindou
... D’Vallon
Mardi 18 :
Une tablette en espagnol
Un livre de
Fiona O’NEIL
Vendredi 21 :
Sarah J. MAAS Empire of Storms
Un livre de
Lee CHILD
Pizmo SWIFTE Stareco (???)
Jonathan SAFRAN FOER Everything is illuminated
Khaled HOSSEINI The Kite Runner
Vendredi 28 Septembre :
Yuval Noah HARARI Homo Deus
Jordan B. PETERSON 12 Rules for life
Robert HUGHE
Iain M. BANKS The Hydrogen Sonata
Un Stieg LARSSON
Jeudi 11 Octobre
Adam TOOZE Crashed
La femme à côté de moi :
Ruth BERRY Jung : A Beginner’s Guide
(STR : ah, ah, un guide pour les débutants en Jung!)
Une dame en face lit son Kindle.
Une étudiante de Kensington & City College :
Zoe FOLBIGG The Note
Et j’ai commencé
Fred VARGAS L’homme au cercles bleus
25 octobre :
George ORWELL Nineteen Eighty-Four
Paula depuis MADRID (VF) :
Salut!
Je t'avais perdue et je t'ai retrouvée. J'ai raté des posts de ton blog lectureur… Je vais me mettre à jour.
On rentrait avec Toti qui lisait
Alexandre DUMAS Les trois mousquetaires
dans le métro et on rigolait en essayant de pêcher les titres des livres que les gens lisaient. On en a attrapé un :
Andrei KURKOV Muerte con pingüino
et un autre de loin :
Paulo COELHO
mais j'ai pas pu voir le titre…
Moi, je voyage avec :
Franz KAFKA Le château
ou
George ORWELL 1984
après m'être amusée avec
Eric-Emmanuel SCHMITT Lorsque j'étais une œuvre d'art
qu'ils ont demandé de lire à Milou à l'école.
Hier, je suis tombée sur un article de je ne sais quel magazine en ligne qui parlait des livres qu'on a, de ceux qu'on a achetés mais pas encore lus, ceux qu'on a laissés à la moitié… J'essaye de le retrouver et je te l'envoie.
Bisous!
Pau
PS : le lien vers l'article en question (en espagnol ou en anglais)
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